En 1645 Ecole libre en 1886 La presse 1910/1914 Fombillou 1898
| |
A Fombillou (commune du Nayarc) il y avait deux
écoles: le premier article présente l'école des filles, le second
l'école des garçons: |
l'école des filles de Fombillou,
en 1898
Commune
du Nayrac, canton d'Estaing, arrondissement d'Espalion. Aveyron.
Raymond Rouquette nous
présente un document intitulé "Monographie de l'école des filles de
Fombillou" sur une école du Nord Aveyron, en 1898.
Cet article a été écrit grâce à des archives confiées par un habitant de
Fombillou. Il semble que ces archives soient en fait un document écrit
par l'institutrice de l'époque, Marie Girard, qui a eu l'idée de
consigner par écrit à la rentrée scolaire (octobre 1898) toutes les
informations qui suivent.
Raymond ajoute que les écoles de St Amans, St Symphorien, St Juery et
d'ailleurs, devaient bien être ressemblantes…
Nous pouvons donc sans erreur y imaginer nos ascendants…
Le texte qui va suivre,
risque de paraître un peu terne "à l'écran". Aussi avant de vous le
soumettre, je vous propose un petit tableau qui récapitule les
différents thèmes abordés dans cette monographie.
Tableau qui sera repris
dans l'article suivant sur l'école des garçons, et qui d'ailleurs pourra
faciliter la comparaison.
Nature de l'école |
Publique, laïque |
Date de création
de l'école |
Environ 30 ans
(soit avant 1870) |
Lieux occupés |
1er
local : la maison BORIES
2ème local : la maison BRUNET, louée à la commune
pendant 16 ans. |
Matériel utilisé |
1 bureau, 9 tables
vermoulues, 1 tableau noir avec chevalet, 2 bancs en bois de
chêne, 3 cartes géographiques vieilles de 20 ans, 1 poêle. |
Maîtresses |
Melle BATTEDOU
Melle SALELLES
Melle SALELLES (sœur de la précédente)
Melle SOLIER
Mme LADIEU
Mme GIRARD |
Matières
enseignées |
Essentiellement la
lecture. Peu de temps à l'écriture. Presque pas de calcul. +
catéchisme, bible, histoire sainte. |
Fréquentation de
l'école |
Classe ouverte à
toute heure. Les parents décidaient des moments de présence de
leurs enfants. |
Diplôme visé |
Le certificat
d'étude. Il existe une dizaine de certificats différents en
fonction des spécialités. |
Après l'école… |
Les jeunes filles attendent leur destin
:
Partir pour Paris avec un conjoint tenter la fortune, ou bien
rester auprès de leurs parents à vivre chichement. |
Document
présenté par Raymond Rouquette :
L'école est publique et laïque et a été créée il y
a environ 30 ans.
Les archives présentent une "description sommaire"
des lieux :
La 1ère école a été la maison BORIES.
C'était en fait une chambre très exigüe, avec une petite fenêtre de
quatre carreaux, et la porte d'un mètre soixante de hauteur.
La deuxième école est une maison BRUNET. Elle a
appartenu à Madame veuve BRUNET qui l'a louée pendant 16 ans à la
commune (150 Francs les 11 premières années, et 100 Francs les cinq
dernières) . En 1897, au décès de sa mère, le fils BRUNET a hérité de la
maison. Il y a laissé l'école (et maintenu le loyer) mais cherche à la
vendre 1000 Francs (valeur de l'immeuble selon la commune à 800-900
Francs).
Cette maison se compose d'un rez-de-chaussée
formant une cave, d'un premier étage composé d'une cuisine (ayant 3
fenêtres plus la porte), d'une pièce au 2ème étage où se
déroule la classe. C'est une chambre qui mesure 5m.85 de long sur 4m.93
de large et 2m 50 de hauteur. Elle est éclairée par quatre fenêtres qui
s'opposent (deux au Nord et deux au sud). Les fenêtres côté sud donnant
sur une cour infecte.
Sous les combles est un mauvais galetas sans
fenêtre. On ne peut pénétrer même en plein jour qu'avec une lanterne à
la main.
La maison construite en 1870 seulement est lézardée
et menace de ruines.
|
Concernant le mobilier et le matériel
scolaire : |
On recense une table (servant de bureau), puis
9 tables d'écoliers vermoulues confectionnées depuis près d'une
trentaine d'années. Il y a aussi un tableau noir avec chevalet, 2
petits bancs en bois (chêne), 3 cartes géographiques (âgées de 20
ans environ) Il s'agit d'une mappemonde, d'une carte de l'Europe, et
de la carte de France. Enfin, il y a un poêle (assez bon état).
|
Maîtresses : |
L'école étant assez récente (trente ans
d'existence environ) peu d'institutrices s'y sont succédées.
Mademoiselle BATTEDOU, du Cayrol. Non
brevetée qui resta peu d'années
Mademoiselle SALELLES Non brevetée.
(mourut la 3ème ou la 4ème année de son
arrivée à Fombillou
Mademoiselle SALELLES, sœur de la précédente . Non brevetée.
Mademoiselle SOLIER, munie du Brevet de capacité qui resta 5 ou
6 années.
Madame LADIEU, également munie du Brevet.
Madame GIRARD, l'institutrice actuelle à Fombillou depuis
bientôt 9 ans.
Les 3 premières institutrices vivaient au
moyen d'une "rétribution scolaire" que les parents des élèves
leur octroyaient à raison de 2 francs par mois et par élève. A
cela pouvaient s'ajouter les confections de bas, de jupons, de
tricots, de bonnets que les maîtresses faisaient pendant leurs
heures de classe.
Les 3 dernières institutrices ont été
nommées par l'Administration. Les rémunérations ont varié de 600
à 1500 francs.
|
Matières enseignées : |
Essentiellement la lecture de récits moraux,
des mâtines, de la bible. Presque toute la journée était employée à
la lecture.
L'institutrice tricotait pendant qu'elle faisait lire les livres à
ses élèves. Rien n'était ni expliqué, ni raconté.
On consacrait très peu de temps à l'écriture, encore moins au
calcul. Les intervalles de temps qui séparaient la lecture de
l'écriture étaient employés à l'étude du catéchisme, de la bible, de
l'histoire sainte …
Les 3 dernières institutrices ont enseigné les
matières prescrites et contenues dans les nouveaux programmes.
|
La fréquentation de l'école : |
A l'origine, la classe était ouverte à toute
heure, en été comme en hiver. Les enfants restaient en classe le
temps fixé par les parents : aucun règlement n'indiquait les heures
de la fréquentation.
L'institutrice était obligée de se plier aux
exigences et aux caprices des parents. Il y avait donc des élèves
qui fréquentaient tous les jours la classe mais à des heures
totalement différentes. Certains élèves de la même classe pouvaient
passer des mois entiers sans se voir.
Il n'y avait ni ordre, ni règlement.
Un quart des élèves quittaient la classe en
lisant très mal quoique que assez couramment.
Un deuxième quart pouvait déchiffrer "les
imprimés" tant bien que mal, tandis que le reste quittait l'école
complètement illettré.
Ces dernières, pour la plupart incapables de se
diriger dans une ville, ne quittaient qu'à leur mort le toit
paternel, ou du moins elles s'arrangeaient de façon à ne pas perdre
de vue le clocher de leur village.
Elles connaissent plus ou moins bien
l'histoire, la géographie. Plusieurs d'entres elles possèdent le
certificat d'étude; Ce sont de petites savantes pour la campagne.
Elles attendent alors impatiemment d'avoir de
15-20 ans afin de trouver un mari qui saura les conduire à la
capitale: seul objet de leur rêve.
Alors elles passeront toute leur journée
derrière un comptoir, tandis que leur mari -un sac de charbon sur le
dos- se promènera sur les trottoirs des grandes rues de la capitale.
Les unes passent toute leur existence
chichement auprès de leurs parents qu'elles n'ont jamais voulu
quitter.
Les autres s'abandonnent avec leurs époux aux
hasards de la fortune. (souvent favorable…)
Après un séjour de 15 à 20 ans à Paris, les
anciennes élèves devenues rentières rentrent au Pays.
|
Certificats obtenus dans l'école : |
Il y an a une dizaine environ.
Celles qui sont pourvues de ce certificat
partent pour Paris. Elles sont ménagères chez des marchands de bois
et charbons. Elles sont comptables aussi pour elle-même ou pour
autrui.
La monographie s'arrête
ainsi. Raymond Rouquette nous propose en illustration la signature de
Marie Girard, assortie d'un "certifié conforme
aux renseignements puisés à bonne source par l'institutrice soussignée.
Le document est daté du 26
octobre 1898.
R.
Rouquette FA -24-
|
l'école des garçons de Fombillou,
en 1898
Commune
du Nayrac, canton d'Estaing, arrondissement d'Espalion. Aveyron.
Cet article est en fait la
suite de la monographie réalisée par l'institutrice en poste à l'époque,
Marie Girard. Il s'agit cette fois-ci de l'école des garçons de
Fombillou.
De la même manière que précédemment, l' article de Raymond Rouquette a
pu être écrit grâce aux mêmes archives confiées par le même habitant de
Fombillou.
A l'image de l'école des filles, je vous présente au préalable, un petit
récapitulatif des différents thèmes abordés dans cette monographie.
Nature de l'école |
Publique, laïque |
Date de création
de l'école |
Environ 60 ans
(soit avant 1840) |
Lieux occupés |
1er
local : la maison GIMALAC
2ème
local : la maison du maire CAYLA, vendue à la commune du Nayrac. |
Matériel utilisé |
1 bureau, 8 tables
vermoulues, 2 tableaux noirs, 4 cartes géographiques, 1 petit
poêle. |
Maîtres |
M. FOURNIER de
Florentin
M. TURLAN du ROC du Nayrac
M. BONIFACI de St Saturnin
M. CALSAT
M. VAYSSIER du Monastère Cabrespine
M. RIGAL
M. NAROLLES de Coubisou
M. LADIEU de Villecomtal
M. BONIFACY
M. LADIEU (le même que précédemment qui revint)
M. GIRARD (le mari de Marie … ?) |
Matières
enseignées |
Essentiellement la
lecture. Peu de temps à l'écriture. Presque pas de calcul. +
catéchisme, bible, histoire sainte. |
Fréquentation de
l'école |
Classe ouverte à
toute heure. Les parents décidaient des moments de présence de
leurs enfants. |
Diplôme visé |
Le certificat
d'étude. Il existe une dizaine de certificats différents en
fonction des spécialités. |
Après l'école… |
Partir pour Paris
avec un conjoint tenter la fortune, ou bien rester à la ferme.
Tout le monde sait plus ou moins bien "causer français". |
Document
présenté par Raymond Rouquette :
L'école est publique et laïque et a été créée il y
a environ 60 ans.
Les archives présentent une "description sommaire"
des lieux :
La toute 1ère école était implantée à
Issac, où rapidement elle a été transférée à Fombillou.
Pendant 50 ans, l'école a eu lieu dans l'agréable
maison GIMALAC. La classe était faite au 2ème étage, dans une
vaste pièce claire agrémentée de plusieurs ouvertures à l'Est et au Sud.
Le seul inconvénient était que pour se rendre dans cette maison, les
élèves devaient traverser (plusieurs fois par jour) une basse-cour où
gisait toujours au moins 25 cm de litière infecte.
Ensuite l'école a eu lieu dans une maison (grange +
habitation)) appartenant au notaire et maire d'Estaing Monsieur CAYLA.
Celui-ci après 5 ou 6 ans de location (100 francs par an) a fini par la
vendre à la commune 7000 Francs après s'être engagé à effectuer des
réparations à concurrence de 2000 Francs , de façon à ce que cet
"immeuble" devienne un Groupe Scolaire. L'état a d'ailleurs aidé
la commune a réaliser ces transformations. (aide de 3765 Francs).
Au rez-de-chaussée se trouve un petit salon, une
cuisine, "une décharge". Au 1er étage se trouvent 2 chambres,
ainsi qu'une grande salle. Le deuxième étage forme un grand galetas.
|
Concernant le mobilier et le matériel
scolaire : |
On recense une petite table ronde (servant de
bureau), puis 8 tables d'écoliers vermoulues confectionnées depuis
près d'une quarantaine d'années. Il y a aussi 2 tableaux noirs en
mauvais état et 4 cartes géographiques (âgées de 20 ans environ) Il
s'agit d'une mappemonde, d'une carte de l'Europe, et de la carte de
France ainsi qu'un tableau des "poids et mesures" du système
métrique. Enfin, il y a un poêle (mauvais état).
|
Maîtres : Tous possédaient le Brevet ,
sauf M. Fournier |
M.
FOURNIER de Florentin, autorisé à enseigner par les pères de famille
et l'administration
M. TURLAN du ROC du Nayrac, meilleur agriculteur de l'époque et
grand propriétaire
M. BONIFACY de St Saturnin,
M. CALSAT, habile tourneur qui employait la moitié de ses nuits à
fabriquer des chaises
M. VAYSSIER du monastère de Cabrespine , resté très peu à Fombillou
M. RIGAL, malade qui mourut d'inanition sur le chemin du Nayrac ,
criblé de dettes
M. NAYROLLES de Coubisou qui resta 15 ans
M. LADIEU de Villecomtal (mari de Mme
Ladieu ?)
M. BONIFACY (Hippolyte) resta peu d'années
M. LADIEU occupe à nouveau le poste pour 5-6 ans
M. GIRARD (le mari de Marie Girard, sans
doute !)
Les 6 premiers instituteurs vivaient au moyen
d'une "rétribution scolaire" que les parents des élèves leur
octroyaient à raison de 2 francs par mois et par élève payée en
argent ou en denrées. A cela s'ajoutait le traitement de 200 Francs
par mois.
Sauf pour le premier M. Fournier qui n'avait que la rétribution
scolaire. Pour les 4 derniers instituteurs, les traitements ont
varié de 600 à 1500 Francs.
|
Matières enseignées : |
Essentiellement la lecture de récits moraux,
des mâtines, de la bible, de l'histoire sainte… ainsi qu'un peu de
récitation et de grammaire.
Les 4 derniers instituteurs ont enseigné les matières prescrites et
contenues dans les nouveaux programmes.
(loi du 28.03.1882)
Depuis une trentaine d'années pour être un
véritable instituteur, on doit aller à "l'école normale" et
réussir le Certificat d'Aptitude Pédagogique. De tels maîtres sont
bien sûr plus aptes à enseigner que les autres. L'histoire, la
géographie, le calcul … ne sont plus négligés.
Depuis près de 30 ans l'instruction semble avoir fait des progrès.
Lorsque l'on a moins de 40 ans, on sait désormais souvent lire et
écrire… et parler le Français.
|
La fréquentation de l'école : |
Là aussi, la classe était ouverte à toute
heure, en été comme en hiver depuis l'aube jusqu'au coucher du
soleil. Les maîtres étaient souvent considérés comme d'humbles
serviteurs. Il y avait même mauvaise discipline puisqu'aucun
règlement de l'école n'existait.
L'instituteur -comme l'institutrice- étaient
obligés de se plier aux exigences des parents et aux caprices de
l'agriculture. Comme les parents devaient payer en fonction de la
présence de leurs enfants, certains ne pouvaient se rendre souvent à
l'école. La gratuité des ouvrages a tout de même aidé les familles.
La
monographie est datée du 27 octobre 1898 , soit le lendemain de celle
réalisée pour l'école des filles.
R.
Rouquette FA 25-26
|
|
|